La pente transforme une balade en véritable défi physique et tactique en montagne. Savoir la lire, la calculer et comprendre son impact sur l’effort, la sécurité et le choix du matériel, c’est la clé pour profiter du terrain, éviter les pièges et tracer un itinéraire adapté à ses capacités.
Comprendre la pente en milieu montagnard ?
Définition et terminologie clés
Sur le terrain, la notion de pente revient sans cesse. Mais qu’implique-t-elle concrètement pour vous, randonneur ou traileur ?
La pente en pourcentage (%) exprime le rapport entre le dénivelé et la distance horizontale.
Par exemple : 100 m de montée sur 1 000 m de plat correspondent à 10 % de pente.
C’est l’indication la plus fréquente sur les topos, panneaux ou applis GPS.
L’angle en degrés (°), issu de la trigonométrie, a ses applications spécifiques.
À titre d’exemple, 40 % de pente équivalent à environ 22°.
Les degrés sont réservés aux contextes très techniques (neige, escalade, avalanche), tandis que le pourcentage s’impose au quotidien.
Quelques repères utiles :
- Dénivelé positif : somme de toutes les montées.
- Dénivelé négatif : cumul de toutes les descentes, essentiel pour les jambes.
- Distance horizontale : la longueur « à plat » sur la carte.
- Distance développée : parcours réel, intégrant la pente et les courbes.
Croiser ces données donne une lecture bien plus fidèle de l’effort réel demandé par un itinéraire.
Lecture de la pente sur une carte topographique
Sur une carte IGN ou une appli outdoor, ce sont les courbes de niveau qui révèlent la pente.
Ces lignes lient tous les points d’une même altitude.
Plus les courbes sont rapprochées, plus le terrain se redresse.
L’équidistance (généralement 10, 20 ou 40 m) précise la différence d’altitude entre deux courbes et figure dans la légende.
Selon les fonds de carte, certains versants très raides ou exposés aux avalanches s’habillent de hachures ou de couleurs accentuées.
Pour repérer les ruptures de pente, repérez :
- les resserrements soudains des courbes (indicatifs d’un mur raide, d’une barre rocheuse),
- les courbes formant un V ou un U (ravins, couloirs),
- les élargissements inhabituels (replat appréciable pour une pause… ou un pique-nique).
À force d’observer, on devine vite où la pente mettra les jambes à rude épreuve.
Rôles de la pente dans la préparation d’un itinéraire
La pente est l’indicateur de base pour estimer l’effort.
Une sortie courte avec 900 m de dénivelé positif s’avère souvent bien plus éprouvante qu’une longue balade en terrain quasi plat.
Pour ajuster son horaire, il ne suffit pas de regarder les kilomètres.
Il faut anticiper :
- les portions raides qui ralentissent,
- les descentes techniques (rochers, éboulis, neige),
- les replats pour souffler, prendre des photos ou savourer la fameuse tarte aux myrtilles.
Selon l’activité, la pente influence aussi le choix de l’itinéraire :
- en randonnée, mieux vaut le sentier qui serpente que l’ascension directe,
- en trail, mixer course et marche sur les passages les plus pentus,
- en VTT, privilégier les chemins roulants, éviter les murs inaccessibles,
- en ski de randonnée, chercher une pente régulière et assez douce pour les conversions.
Question sécurité, c’est implacable :
plus la pente s’accentue, plus augmentent les risques de chute, de chute de pierres ou d’avalanche.
La pente module aussi l’effet de la météo locale :
sur un versant raide orienté au soleil, la neige évolue vite ; sur un versant nord, elle durcit et peut devenir glacée.
Lire la pente, c’est préparer son itinéraire avec lucidité et savourer le paysage sans se laisser surprendre.
Les formules et méthodes pour calculer le pourcentage de pente
Formule de base « pente % »
Pour parler le même langage, on se réfère tous à une formule universelle :
Pente (%) = (dénivelé / distance horizontale) × 100
Le dénivelé désigne la différence d’altitude entre départ et arrivée.
La distance horizontale est la distance « à plat », projetée sur le sol.
Si, par exemple, vous avez 150 m de dénivelé positif sur 2 km de distance horizontale :
- 150 / 2 000 = 0,075
- 0,075 × 100 = 7,5 % de pente
Cette valeur se retrouve sur les fiches randos, les applis GPS et dans la bouche des locaux : “ça grimpe un peu, là…”.
Dénivelé cumulé et pente moyenne d’un itinéraire complet
Un itinéraire comporte rarement une unique montée.
On enchaîne replats, descentes, remontées : rien n’est linéaire.
Le dénivelé cumulé additionne tous les dénivelés positifs (et parfois négatifs), chaque segment de montée comptant, même si une descente sépare les secteurs.
Pour la pente moyenne :
pente moyenne (%) = (dénivelé positif total / distance totale horizontale) × 100
La pente instantanée (indiquée par votre montre ou appli sur le moment) aide à ajuster l’effort dans un passage raide.
La pente moyenne permet d’estimer la difficulté globale ou de comparer deux parcours.
Convertir pourcentage et angle en degrés
En montagne, la référence reste le % de pente, mais certains usages (secours, ski, nivologie) emploient les degrés.
La formule mathématique :
pente (%) = tan(angle en degrés) × 100
Quelques équivalences pour situer :
| Pourcentage | Angle approximatif |
|---|---|
| 5 % | ~ 3° |
| 10 % | ~ 6° |
| 30 % | ~ 17° |
En ski ou en secours, ce sont des repères décisifs pour évaluer la dangerosité, notamment face au risque d’avalanche.
Calcul assisté : outils en ligne et tableurs
Inutile de sortir systématiquement la calculette : de nombreux outils gratuits existent.
- Calculatrices de pente en ligne : saisissez dénivelé et distance, et le site calcule.
- Tableurs (Google Sheets, Excel) : une formule simple fait l’affaire (
= (dénivelé / distance) * 100).
Pour un itinéraire complet, les plateformes comme Geoportail, VisuGPX, Strava, Komoot offrent des profils altimétriques, le dénivelé cumulé et parfois la pente par segment à partir des fichiers GPX.
Sources d’erreur et bonnes pratiques
Les calculs de pente comportent toujours une petite marge d’erreur.
Les principales causes :
- précision GPS variable,
- points d’altitude "fantômes" qui surestiment le dénivelé cumulé,
- légère différence entre distance oblique (réelle, sur le terrain) et distance horizontale (idéal).
Par souci de cohérence, gardez toujours la même méthode de calcul, préférez des tracés GPX “propres” et, surtout, écoutez votre ressenti : sur le terrain, un “petit 10 %” peut paraître interminable après 1 000 m de montée.
Influence de la pente sur l’effort, la progression et la sécurité
Courbes d’effort : formules de Naismith, Tobler, Calthrop
La pente change radicalement le rapport au temps : plus ça grimpe, plus le rythme ralentit.
On applique souvent une règle pratique issue de Naismith :
- environ 4 km/h sur terrain plat,
- on ajoute 300 m de dénivelé/heure de marche.
Sur une montée régulière à 600 m/h, la vitesse tombe à 2 km/h environ.
En descente, on avance vite jusqu’à un certain seuil, mais au-delà, il faut lever le pied pour rester en contrôle.
La courbe de Tobler établit qu’on est le plus efficace sur une pente légèrement négative (−5 % à −10 %), puis la vitesse chute progressivement des deux côtés.
Adapter son plan de marche impose donc :
- de bien distinguer temps de montée et de descente sur son topo,
- d’intégrer des marges sur les sections techniques ou raides,
- de prévoir les pauses sur des zones accueillantes, et non pile dans le passage difficile.
Ces chiffres ne remplacent pas les sensations : on sent très vite la différence dans le souffle, les muscles ou la longueur du pas.
Seuils de pente par activité
Chaque discipline a ses zones de confort et ses limites :
- Randonnée pédestre : jusqu’à 10–15 % sans difficulté majeure.
- Trail : jusqu’à 35 %, généralement en marchant bâtons en main.
- Alpinisme : au-delà de 35 %, la pente se fait sérieuse en neige ou sur rocher.
- VTT : passer les 15–20 % devient une sacrée performance physique.
- Ski de randonnée : rarement plus de 30–35 ° en montée, question conversions et sécurité.
Les demi-tours s’imposent souvent là où la pente s’accentue brusquement ou bien dans un terrain instable ou exposé.
Dès qu’un passage combine pente forte, exposition et instabilité, place à l’assurage : corde, main courante, ou entraide et espacement dans le groupe.
Risques associés aux fortes pentes
Quand la pente s’accentue, la moindre erreur peut prendre des proportions sérieuses.
Sur neige, se pose surtout le danger d’avalanche : la zone critique, entre 28 et 45 °, englobe de nombreux itinéraires classiques.
Côté sentier, le principal ennemi reste l’érosion (marches dégradées, racines apparentes), la dégradation du sol et l’influence de la météo : verglas, pluie qui rend chaque pas glissant, neige lourde de printemps.
Un passage raide sous une averse peut vite se transformer en terrain susceptible d’accident.
Adapter matériel et techniques
La pente oriente naturellement le contenu du sac :
- Bâtons pour soulager les jambes et économiser les genoux à la descente,
- Chaussures spécifiques : adhérence, semelle plus rigide, sculptures profondes selon le terrain,
- Crampons et piolet dès que la glissade devient inenvisageable,
- Corde pour sécuriser les sections exposées ou alpines.
Côté gestuelle :
- en montée, adopter une légère inclinaison avant, raccourcir le pas,
- en descente, garder les talons bien posés, le regard loin devant.
Sur les skis, les conversions sont reines : elles permettent d’apprivoiser la pente, d’économiser ses efforts et de limiter les risques.
Plus la pente grimpe, plus la stratégie technique et le choix du matériel prennent de l’importance. C’est là que la montagne passe du statut de “défi” à celui de plaisir maîtrisé.
Astuces et outils de terrain pour mesurer la pente et affiner l’itinéraire
Instruments compacts : clinomètre, altimètre barométrique, niveau sur bâton
Quelques outils compacts peuvent déjà vous fournir une bonne estimation de la pente sur le terrain.
Le clinomètre (souvent intégré à une boussole) mesure l’angle de la pente.
On l’utilise simplement : viser un point à votre hauteur (bâton, compagnon, rocher), puis lire la valeur.
La précision dépend tout de même de votre stabilité et de la visibilité. La marge d’erreur reste raisonnable, à 1-2 ° près.
L’altimètre barométrique, pour sa part, s’appuie sur la pression atmosphérique.
Vous relevez l’altitude au point bas puis au sommet, puis rapportez le dénivelé à la distance parcourue.
Attention : un recalibrage fréquent est indispensable, surtout en cas de météo changeante.
Le niveau à bulle collé sur un bâton fait aussi office d’astuce montagnarde.
Pas scientifique, mais bien pratique pour se faire une idée rapide.
GPS et montres connectées : pente instantanée et profils altimétriques
Les montres et GPS (Garmin, Suunto, Coros, Polar…) embarquent souvent l’option « pente % ».
Sur le terrain, la pente instantanée ou moyenne s’affiche d’un coup d’œil, idéal pour anticiper une portion délicate.
Pour approfondir, exporter la trace (GPX ou FIT) et l’analyser dans les applis permet de dénicher les segments les plus pentus, organiser son horaire ou réviser un itinéraire.
Rien n’est parfait : la précision dépend du GPS et de l’altimètre barométrique. En forêt dense ou en gorge, attendez-vous à quelques variations.
Applications mobiles et cartographie hors ligne
Sur smartphone, plusieurs applications deviennent de vrais compagnons de cordée :
IGN Rando, AlpineQuest, OsmAnd, FATMAP… Autant d’outils pour :
- afficher en détail les courbes de niveau,
- calculer la pente d’un point ou d’un secteur,
- visualiser les zones à plus de 30 ° (en surbrillance selon le fond choisi).
Avant de partir, téléchargez les cartes hors-ligne de la zone choisie.
Mieux vaut anticiper une coupure réseau longue.
Gardez aussi une batterie de secours sous la main : la meilleure appli reste inutile avec un smartphone à plat.
Données altimétriques de référence
Derrière toutes ces mesures, il y a la qualité des données de relief.
En France, on s’appuie majoritairement sur :
- IGN BD ALTI® (maillage de 1 à 5 m selon zones),
- SRTM (Nasa, 30 m), suffisant pour la rando, un peu juste pour le hors-sentier précis,
- Données Lidar (1 m ou moins), réservées à la cartographie la plus détaillée.
Plus la résolution est fine, plus on détecte les ruptures, barres et ressauts… mais cette finesse peut aussi “sur-signaler” des détails mineurs.
L’idéal ? Croiser plusieurs sources.
Associer carte IGN, appli avec affichage des pentes, et votre propre lecture du terrain. Quand carte et terrain convergent, votre évaluation est fiable.
Checklist « pente » avant le départ
Avant de partir, une petite checklist s’impose :
en quelques minutes, vous anticipez les surprises.
On peut la condenser ainsi : Pente, Progression, Protection.
- Pente : identifier les tronçons à plus de 30 °, prévoir les échappatoires.
- Progression : adapter le parcours au niveau du groupe, tenir compte de la météo et de l’état du terrain ou de la neige.
- Protection : météo mise à jour, bulletin avalanches, matériel ajusté (bâtons, crampons, DVA, pelle, sonde…).
N’oubliez pas le plan B : un itinéraire plus doux, un demi-tour envisagé à la montée, un refuge au besoin.
Parfois, c’est ce plan B qui permet de finir la journée autour d’un plat chaud plutôt que dans une histoire de secours évitable.
Maîtriser la lecture, le calcul et l’interprétation de la pente, c’est anticiper l’effort, adapter sa progression et assurer une progression plus sûre en montagne.
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